Sénégal

Sénégal – Carnet de voyage #6

Je ne savais pas vraiment comment vous raconter ici mon voyage au Sénégal, par thème, par endroit… Finalement j’ai repris mes notes écrites pendant le voyage et j’ai envie de partager mon carnet de voyage avec vous avec les choses vécues au jour le jour, tout simplement. Une petite série d’articles rédigés de la même manière, en espérant que j’arriverais à vous emmener au Sénégal avec moi, sur l’île de Gorée cette fois.

Jour 8 – Dernier jour, l’île de Gorée


7h00, le réveil sonne mais je m’étais déjà réveillée à 5h00 lors de l’appel à la prière à la mosquée de Sokone. Je ne l’avais pas entendu de la semaine, le vent a dû tourner. Douche froide pour se rafraîchir et nous bouclons nos sacs avant de partir petit-déjeuner pour notre dernier jour au Sénégal. Aliou me serre dans ses bras ce matin, il va nous manquer. Entre deux gorgées de jus de bissap je me connecte sur internet pour faire le point sur les horaires des vols de ce soir et voir si tout va bien du côté d’Air France. Pas de mails, tout à l’air bon jusqu’au moment de faire un petit tour sur facebook et de voir d’étranges statuts parlant de Paris, de sécurité… Je déglutis et ouvre mon application actualités pour comprendre. Paris, attentats terroristes, beaucoup de morts, encore plus de blessés. En un instant le temps à l’air de s’être arrêté. On lit tous ensemble, choqués. Le petit-déjeuner ne passe plus, les au revoir se font le cœur lourd. Quelques larmes coulent sur les premiers kilomètres de piste qui nous ramène vers Dakar. Étrangement on a l’impression qu’il faut rentrer dans notre pays meurtri. Alors que nous vivons un voyage plein d’humanité dans un pays où la religion est très marquée, d’autres utilisent la religion d’une manière tellement noire qu’elle ne peut pas être comparée. Ce dernier jour de voyage sera marqué par ces événements, mais il faut reprendre le dessus pour profiter de cette belle humanité avant de rentrer. D’ailleurs nous ne savons pas vraiment si nous pourrons rentrer en France ce soir. On verra, on se débrouillera.

Comme il est encore « tôt », notre chauffeur de taxi choisi de prendre une route meilleure qu’à l’aller, celle où il faut prendre le bac pour traverser un bras de mer. C’est donc à Foundioune que nous nous arrêtons pour attendre le bateau. 100CFA par personne, 1500CFA la voiture pour moins d’une demie heure de traversée. Pour la première fois de la semaine on croise d’autres touristes, en groupe, habillés comme ceux qui partent en safari dans les films, appareils photos autour du cou, prêts à être déclenchés pour tout et n’importe quoi. Alors que les locaux nous sourient et nous parlent, eux restent en groupe, sans regard pour la population. C’est étrange comme chacun voyage différemment finalement. Le bac arrive à quai, tout le monde monte et certains se jettent sur les quelques gilets gonflables qu’il y a à disposition. Une fois sur le bateau, une dame se détache du groupe et vient me parler, comme si être touriste facilitait les échanges. Israélienne, elle nous partage tout son soutien quand elle apprend que nous sommes français. Elle a entendu les informations à la radio ce matin et ne connaît que trop bien la sensation que l’on peut avoir en ce moment. On discute de nos voyages respectifs, elle en bus itinérant entre Saint-Louis, M’bour, Dakar et quelques « spots » à voir, nous à Fadidi, dans un seul lieu. Elle est emballée par notre choix, c’est drôle. Elle me glisse d’ailleurs que le lac rose qu’elle a vu dans la semaine était plutôt d’une sorte de marron. Bon au moins, on a pas de regrets à avoir au sujet du lac. La traversée s’achève, nous nous souhaitons bonne route et nous remontons dans notre taxi brousse, direction Dakar !

12h30, notre taxi brousse nous dépose à la gare maritime. Pour notre dernier jour nous avons décidé de visiter la très célèbre île de Gorée. Comme les taxis brousse n’ont pas le droit de rouler dans Dakar (pour ne pas concurrencer les taxis urbains) nous prenons un autre taxi pour rejoindre l’embarcadère. Quelques minutes de conduite un peu brute plus tard, du temps « perdu » à discuter avec un guide qui essaie de vendre ses services pour visiter l’île et enfin l’achat de nos billets pour la traversée, nous nous installons dans la salle d’attente en attendant le bateau. Je papote avec Amina, une jolie vendeuse de souvenirs qui part travailler sur l’île. Sa boutique étant très mal située et pas visible lorsqu’on se promène, elle profite de la traversée pour se faire connaître. Une vraie démarche commerciale mais son visage rayonne de gentillesse et on discute un long moment de tout et de rien, de nos différences de culture. Coumba, une autre vendeuse, se greffe à cette conversation entre filles et une phrase me restera toujours en tête : « Que ta peau soit blanche alors que la mienne est noire n’a pas d’importance, notre sang est de la même couleur ». C’est simple, c’est beau et surtout, ça fait un bien fou, encore plus aujourd’hui.

14h30, on embarque, direction l’Île de Gorée pour l’après-midi. La traversée nous annonce déjà la couleur, cette fois, cela va être vraiment une visite touristique : plus de la moitié des passagers mitraillent tout et n’importe quoi avec leurs appareils et smartphones, surtout des selfies (avec les perches aussi, on y échappe nulle part), parfois même en gros contre jour. Après une semaine dans les villages, c’est un peu étrange, mais bon, on le savait en choisissant de venir à Gorée. L’horizon est brumeux, mélange de chaleur et de pollution, mais petit à petit on découvre le rocher qui forme l’île. En débarquant il faut aller payer quelques 500CFA par personne pour la taxe d’entrée avant de pouvoir flâner. Amina nous emmène voir sa boutique (qui effectivement est complètement invisible depuis la place publique) et on file dans le sens opposé proposé par les guides. Nous, on a faim, et on décide de gravir la colline pour aller manger. Après de durs efforts (non je plaisante, la colline fait 30 mètres de hauteur…) nous nous installons autour d’un plat à base de crevettes et de bananes plantain. Ça ne vaudra jamais les tiep dégustés à Limane ou à Fambine mais ce n’est pas mal du tout.

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16h00, on reprend nos pérégrinations sur l’île en commençant par le Castel, tout en haut où on profite d’une superbe vue plongeante sur les toits orangés et le bleu de la mer. On se fait alpaguer toutes les deux minutes par des vendeurs. C’est un peu lourd mais ils ne sont pas méchants, je cède à quelques uns, à Nina notamment tant son personnage me fait sourire, histoire de ramener quelques souvenirs en France même si j’aurais préféré des choses beaucoup plus artisanales. Il y a une petite gue-guerre interne entre les vendeurs du bas (qui viennent de Dakar) et ceux du haut de l’île qui sont natifs de Gorée. Un homme qui se fait appeler « le fou » nous conseille de redescendre par un autre chemin. Il a bien raison car nous sommes seuls et la vue est bien jolie par ici. On croise des moutons qui grignotent je ne sais quoi et en levant les yeux sur les palmiers j’observe le camouflage d’une antenne qui me fait sourire. Avant de rejoindre la maison des esclaves on profite d’être seuls dans les petites rues colorées et fleuries.

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Quand on entre dans la cour de la maison des esclaves de l’île de Gorée qui est aujourd’hui un musée, c’est n peu comme dans les films. On découvre une maison à deux étages avec un grand escalier central. Au rez-de-chaussée pour les esclaves avec différentes pièces pour les catégoriser selon leur sexe, leur forme, leur possible utilité… Au premier, une exposition de panneau retrace l’histoire coloniale dans une grande pièce spacieuse, celle des maîtres. Après la lecture, je sors et profite du balcon extérieur j’observe la mer et le vol des aigles. Il commence à se faire tard et nous voulons encore faire un petit tour du côté de l’embarcadère et faire un dernier coucou à Amina avant de reprendre le bateau. L’île est petite et il ne nous faut que quelques minutes pour faire un dernier petit tour.

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19h00, la nuit tombe et nous embarquons pour le trajet retour vers Dakar. Au revoir Gorée la colorée… Amina s’assoit à côté de moi et nous papotons encore comme deux copines. Nos chemins de séparent à l’arrivée à Dakar où elle court prendre le bus pour rentrer chez elle « en banlieue ». Nous on négocie notre taxi et nous partons à la gare maritime rejoindre notre chauffeur de taxi brousse qui nous a gardé nos sacs cet après-midi. Comme notre avion n’est que vers minuit, il préfère attendre un peu sur le parking pour éviter la mauvaise circulation alors on discute tous les trois. On aura vraiment fait que de jolies rencontres pendant ce voyage. Un peu plus tard nous prenons enfin la route, toujours bouchée par la forte circulation du week-end. Je commence à stresser un peu pour l’horaire mais on arrive finalement dans les temps à l’aéroport. Si le passage à l’enregistrement est très rapide et nous rassure sur l’arrivée en France qui ne devrait pas poser problème, le passage par les guichets de la douane prend plus d’une heure dans une chaleur accablante. Dangereusement on se rapproche de l’heure de départ et nous, comme certainement la moitié de notre vol, attendons encore du mauvais côté de l’aéroport. Finalement tout le monde finit par embarquer dans les temps.

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23h55, nous disons au revoir au Sénégal, direction la France.

Aujourd’hui, le carnet prend fin mais cela ne veut pas dire que je ne vous parlerais plus du Sénégal. Toujours est-il que j’espère que je vous ai un peu emmené avec moi à travers mes mots et mes photos, et si vous voulez (re)lire le début, tout est par ici :

 Partie #1Partie #2 Partie #3Partie #4Partie #5

29 commentaires

  • Céline

    Je crois que je te l’ai déjà dit mais j’aime beaucoup tes billets sénégalais et cette façon de raconter les choses, on a l’impression d’y être 🙂 J’imagine à que point les rencontres ont du être belles et le retour en France brutal et difficile. En tout cas, je vote pour encore un peu de Sénégal par ici 😉 Bonne semaine bises

    • Julie

      Merci Céline, comme toi et la Birmanie je ne savais pas par où commencer alors j’ai commencé par le début, tout simplement.
      C’est passé tellement vite tout ça, et le retour un peu étrange oui, mais de toutes façons, retour de voyage ou non, la période fut rude pour tous. Des bises ma jolie, à ton tour de me compter ton voyage maintenant 🙂

  • Chloé

    Au-delà des photos, tes mots nous ont immergé dans cette culture sénégalaise si riche, si secrète, si naturelle, si simple si méconnue, aussi. Alors merci pour ce carnet (que j’ai fini de lire hier soir), et puis la prochaine fois, tu m’emmènes avec toi, haha! <3
    Chloé Articles récents…City-Guide : Las VegasMy Profile

    • Julie

      Merci Chloé <3 Je suis un peu nostalgique d'avoir terminé mais je suis très contente d'avoir réussi à partager mon ressenti de ce voyage si particulier pour moi. Pas de soucis, je t'emmènes 😉

  • Tiphanya

    Allez je fais mon « intelligente » pendant 2 minutes. Je tiens l’info de mon prof de fac, cours « histoire du Sénégal ». Pour beaucoup de gens gorée et le Sénégal sont un point de départ incroyable pendant la traite des esclaves. Beaucoup en viennent à penser que la plupart des esclaves sont partis de là. En réalité Gorée était un point de départ assez quelconque mais qui a su transformer son passé en site touristique. Certains sites ont même été construit après l’abolition de l’esclavage, si je ne me trompe pas.
    Donc c’est un site intéressant, à remettre en perspective face à la réalité de l’esclavage en Afrique de l’Ouest et de l’Est.

    Tes photos sont toujours aussi magnifiques.
    Tiphanya Articles récents…Haguenau, sa forêt, ses monumentsMy Profile

    • Julie

      Ce n’est pas partout comme cela, par exemple si tu vas lire mes autres billets tu verras moins de couleur dans les cases, plus de simplicité d’architecture…
      Merci pour les photos et pour ton petit mot en tous cas 😉

  • Anne-Charlotte G.

    Je viens de tomber sur ton blog et cet article en particulier un peu par hasard (merci Hellocoton !).
    Je suis allée deux fois au Sénégal (le père de mon compagnon y a vécu et travaillé 3 ans) et tes photos (très belles au passage) de Gorée m’ont rappelée de nombreux souvenirs ! 🙂
    C’est vrai qu’en fonction de la manière de voyager, la vision d’un pays ou l’expérience du voyage est totalement différente.

    • Julie

      Merci pour ton passage (oui, merci Hellocoton héhé) et tes compliments.
      Je ne sais pas si tu venais à Dakar, mais du coup, peut-être que tu allais à Gorée pour le côté plage et tout non ? J’ai l’impression que c’est le cas de beaucoup d’habitants de la ville de venir la journée/ l’après-midi sur l’ïle.

    • Julie

      Oh super, un projet de combien de temps ? Axés sur quel thème ? En tous cas n’hésites pas si tu as des questions et si je peux y répondre 😉

  • Madagascarian

    coucou,

    haha je t’assure que tu m’a vraiment emmené avec toi sur ce coup, c’était comme lire un livre,j’y ais vraiment pris du plaisir et en tous cas ça donne envie d’y aller faire un tour, ça a l’air calme, apaisant et surtout magnifique à voir, ça me rappelle juste mon petit village à Madagascar, endroit où j’ai grandit ! des bisous 😀

  • Parisienne Overseas

    Bravo pour tous tes articles !
    Je n’ai lu que ceux sur le Sénégal pour le moment et ils me rappellent mon voyage d’il y a deux mois.
    J’espère que tout ce que tu as vu, la chaleur des habitants (voir la chaleur tout court), te donneront envie de retourner en Afrique bien vite 🙂
    Comme toi j’avais trouvé peu de blogs parlant du Sénégal et de l’Afrique tout court, donc j’ai décidé également de partager un peu mon vécu sur mon blog 🙂
    Bonne continuation à toi.

    • Julie

      Merci beaucoup ! Effectivement j’ai maintenant envie d’en découvrir plus sur l’Afrique, ses pays, ses cultures… J’y retournerais, un jour 😉
      Merci de ton passage et de ton petit mot, je sais maintenant où aller pour lire des billets africains 🙂

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